En Normandie (basse et haute), il n'y a pas trente six étangs. Avec mon frère Denis, nous avons décidé de faire une session de 5 jours ensemble dans un plan d'eau d'une cinquantaine d'hectares situé du côté de Mufflin dans la présipauté de Groland. Ce sera, pour le début du mois de septembre, une rentrée scolaire au bord de l'eau.
Ce plan d'eau, géré par la fédération
départementale, possède des fonds intéressants
avec des fosses, des plateaux, des cassures... et un cheptel carpe
attrayant (jusqu'à plus de 20 kg). Le problème c'est
l'environnement bruyant et le fait que ce soit une base nautique avec,
en plus, des anti-pêcheurs qui nous mettent des bâtons dans
les roues (passent intentionnellement en zodiac près des cannes,
ne veulent pas ouvrir la barrière qui donne accès aux
berges...).
Bref, après de longs mois sans pêcher, je
me re-motive grâce au frangin et prépare la session avec
plein d'espérance. Fabrication de bouillettes fishmeal/scopex
d'un diamètre de 30mm (comme dans le bon vieux temps). Elle
seront dédiées à un seul et unique poste où
je placerais un montage spécial big fish (l'espoir fait vivre,
pour ma part elle me fait pêcher). Préparation de 40
litres de tigernuts et 20 litres de maïs cuit et sucré.
Plus tard, Ludo, qui revient de session, me donne 2 seaux
supplémentaires de noix tigrées. Avec tous ça je
n'ai plus qu'à espérer une frénésie
alimentaire de mes copines à nageoires. Le but de cette session
est de faire un maximum de carpes avec un poisson bonus d'au moins 18kg
grâce aux bigs boilies.
Le matériel est passé au crible et je
demande à mon poto Christoche National son echosondeur pour me
permettre de gagner un temps précieux pour le sondage.
Je monte des bas de ligne en fluorocarbone d'un diamètre de
47/°° (je ne descends jamais en dessous de 40 car j'ai
déjà perdu des poissons lorsqu'il faut brider un peu plus
fort). Les hameçons sont des "Raptor T6" (ESP) n°4 pour les
tigers et des "Continental boilie hook" (Drennan) n°1 pour les
jumbos.
Mordi, je charge la voiture et part pour 5 jours de
pêche. Arrivé sur les lieux, je mets le bateau à
l'eau et le charge comme une mule. Après 10 minutes de rame,
j'arrive sur le poste, vide le bateau et installe l'echosondeur. Bruno
me rend visite, il vient d'amorcer un poste sur la berge
opposée, il connaît bien le plan d'eau et n'est pas avare
de renseignements. Il m'explique dans le détail le relief du
fond. J'absorbe comme une éponge (un petit coucou au passage
à Bob) les infos qu'il me donne pour mettre toutes les chances
de mon côté pour faire du fish.
Une fois Bruno partie, je m'empresse d'aller echosonder et de mettre
des repères rapidement car le soleil ne va pas tarder à
se coucher. Je place les lignes à différents endroits et
fini d'installer mon campement dans le noir.
Credi matin, j'ouvre les yeux et je me dis que ça
commence mal: première nuit capot! Après un bon petit
déj je vais echosonder plus sérieusement car cette
fois-ci j'ai tout mon temps.
Durant 2h30 je repère précisément des spots qui me
paressent intéressants. Une ligne, eschée de 2 noix
tigrées allégées avec un amorçage de 2 ou 3
poignées de tigers, sera placée sur un plateau
régulier dans 4,80m d'eau situé juste derrière un
chenal d'une profondeur de 6 mètres.
Je trouve plus loin un plateau dans 2,90m à 3,10 m. J'y place un
repère juste au bord de la cassure et un autre 40m à la
diagonale et qui délimite le plateau. Je ferais un
amorçage qui consistera à vider un seau de maïs et
de tigernuts sur 2 jours entre ces 2 repères (je n'en mets pas
plus car je n'ai aucune idée du nombre de poissons qu'il y a
dans le plan d'eau). J'espère ainsi créer une recherche
active des aliments par les poissons.
La 4ème ligne sera placée dans le chenal (6m de fond).
Elle sera eshée également de noix tigrées
allégées plus 2 à 3 poignées de graines.
Dans l'après-midi mon
frère arrive, il s'installe et part repérer sa zone de
pêche. Nous avons la visite d'Anthony qui nous donne
également de bons conseils (souvenez-vous, il a gagné
l'enduro de Vezin cette année avec son pote Fabien). Je retrouve
le bon esprit carpiste de ceux qui ne sont pas avares de
renseignements. Quant à moi je place ma 4ème canne en
bordure avec un montage tricheur (bouillette + tiger) avec une
poignée de boilies.
Plus tard dans la journée, je remarque que ma ligne est détendue (montage du plateau), je prend contacte mais le poisson est tanké à une cinquantaine de mètres du coup en direction de la fosse... c'est la casse. Cette journée sera calme sur nos batteries mais sur l'eau c'est l'anarchie: Canoës, Pédalos (qui sont tous attirés par les repères et qui ne peuvent s'empêcher de les prendre...la rage), zodiac avec moteur thermique, jet-skis, ski nautiques et, cerise sur le gâteau, hydroglisseur stationné à 50m de nous et qui fait un bruit de "ouf"! Bien sûr, tout ce beau monde passe près de nos cannes.
Pour la dernière nuit, je décide de mettre le montage
spécial mammouth juste pour le fun mais je n'y crois pas
vraiment, quoique tout est possible.
Gromanche, 5 heures du matin, départ sur ma batterie mais je ne
réagis pas, quand je me lève, mon frère est
déjà sur la canne, le poisson continuant à prendre
du fil, il prend contact. Je vois la canne pliée en deux et
Denis me dit que le poisson ne bouge pas, peut-être bloqué
dans un obstacle ou alors c'est la "big one". Malgré tout il
sent des coups de tête. Je lui dis: Heu, c'est la bouillette de
30! Ho pinaise, je monte vite dans le bateau en espérant que le
poisson ne se décroche pas ou ne casse la ligne. Je tremble, je
dois avoir à ce moment là 25 ou 26 de tension! A l'aplomb
du poisson, il ne décolle pas du fond (en fait je ne bride pas
trop dur), et il me promène un peu. Je pompe un peu plus et il
monte assez rapidement, dans la lueur de la lune (elle était
pleine il y a 3 jours et le ciel est dégagé), je me rend
compte que la carpe n'est pas si grosse que ça. Une fois dans
l'épuisette et retourné sur la berge, nous pesons le
poisson qui ne fait qu'un peu plus de 14 kg (j'avoue qu'au
départ, en montant dans le bateau, j'espérais avoir
atteint mon but: une + de 18). Je ne suis pas trop déçu
car elle m'a donné énormément d'émotion. Je
la mets au sac et discute un peu avec mon frère...départ
sur l'autre canne (celle du plateau), prise de contact, je
ramène le poisson du bord, il n'a pas lutté mais ne se
laisse pas mettre dans l'épuisette. Denis me dit que la carpe
n'est pas si petite que ça. Quand on la voit sur le tapis de
réception, on s'aperçoit qu'elle est plus grosse que la
précédente. Le peson nous indiquera 15kg600. Elle n'a pas
la même morphologie que l'autre, elle est plus ronde et n'a pas
non plus le même tempérament. Ce sera le dernier poisson
de la session.
On n'a pas fait beaucoup de poissons mais il y a une bonne moyenne de
poids et surtout de très bons souvenirs de cette session entre
frangins. Le rendez-vous est pris pour octobre, on va mettre le paquet
pour essayer de faire notre 20+.
Fab.